top of page
  • Photo du rédacteurTERREOM

QUEL COUVERT VÉGÉTAL METTRE EN PLACE AVANT UNE CULTURE DE TOURNESOL ? - COMPOSITION, SEMIS, DESTRUCTION


Quel couvert végétal mettre en place avant une culture de tournesol ? - Composition, semis et destruction






Protéger le sol, réduire l’effet splash, améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol, fixer les éléments minéraux dans les horizons supérieurs, voici quelques exemples des nombreux services rendus par les couverts végétaux. Cette pratique agroécologique est indispensable pour soutenir et augmenter la fertilité du sol dans le temps. Dans le cas de la mise en place avant une culture de tournesol, comment composer son couvert ? Quelles espèces végétales choisir ? À quelle dose ? Comment bien réussir le semis ? Quelles sont les techniques les plus appropriées ? Comment réussir la destruction pour garantir une bonne transition entre le couvert végétal et le tournesol suivant ? Autant de questions auxquelles cet article apporte une réponse.



I. COMPOSER SON COUVERT VÉGÉTAL AVANT TOURNESOL


A. Bien identifier les objectifs recherchés


La première étape consiste à bien définir les objectifs (agronomiques et écologiques) poursuivis. De leur qualification dépend le choix des espèces végétales et la détermination de leur dose respective. La liste (non exhaustive) ci-contre énumère quelques-uns des objectifs possibles :


1. Répondre à la réglementation,


2. Améliorer la structure du sol,


3. Retenir les éléments minéraux du sol,


4. Favoriser les restitutions azotées pour la culture suivante,


5. Diminuer la pression en adventices sur la parcelle,


6. Réduire la pression sanitaire,


7. Limiter le phénomène d’érosion du sol,


8. Augmenter le taux de matière organique du sol,


9. Améliorer la biodiversité de la parcelle.


Pour obtenir rapidement des bons résultats agroécologiques, nous vous conseillons vivement d’être ambitieux dans la définition de vos objectifs : ici, le plus attire le mieux ! 😃



B. Sélectionner les espèces compatibles avec la culture de tournesol


La deuxième étape consiste à lister les espèces les adaptées dans un couvert végétal avant une culture de tournesol. Comme l’illustre la photo suivante, celles à privilégier sont bien évidemment les légumineuses annuelles : vesces, féveroles, trèfles, gesse, fenugrec pois,... Une fois restituées au sol, leur décomposition permet de fournir des ressources en azote au tournesol sur sa seconde partie de cycle.


Pour de bons résultats agronomiques, il est recommandé que ces espèces constituent au moins 75 à 80% du nombre de graines total du couvert végétal.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier - Composer son couvert végétal avant tournesol


Il est bien sûr possible d’utiliser d’autres espèces comme le détaille l’infographie ci-après. Toutefois, il est préférable de leur donner une place plutôt secondaire (moins de 20 à 25% du nombre total de graines) dans la mesure où leur gestion peut être plus délicate ou leur utilisation, moins adaptée :


  • Les radis, la navette fourragère et la moutarde peuvent produire beaucoup de biomasse. En conséquence, leur décomposition peut avoir un effet dépressif sur la culture de tournesol s’ils sont détruits au-delà de la floraison,

  • Pour les céréales, leur décomposition peut être lente, favorisant la présence de débris végétaux pouvant attirer des ravageurs tels que les limaces,

  • La luzerne, le sainfoin, le trèfle blanc et le lotier sont des espèces pluriannuelles, ayant une vitesse de développement assez faible. En conséquence, ils sont moins adaptés dans un couvert végétal avant tournesol. En plus, leur persistance dans la culture est fortement déconseillée pour éviter la concurrence vis à vis de la ressource en eau,

  • Enfin, concernant les autres espèces, la phacélie pourra être incluse dans un couvert végétal mis en place assez précocement fin Août.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales possibles - Composer son couvert végétal avant tournesol


Enfin, parmi les espèces à éviter figurent :


  • Le colza, notamment pour des raisons sanitaires (sclérotinia, mildiou),

  • Le ray-grass d’Italie, compte tenu des risques de concurrence sur la ressource en eau et de persistance dans la culture de tournesol,

  • Les lins, le tournesol (bien évidemment), le nyger (hôte du sclérotinia), et le sarrasin (risque de persistance dans la culture).

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales à proscrire - Composer son couvert végétal avant tournesol


C. Prendre en compte des cultures présentes dans la rotation


La troisième étape consiste à prendre en compte les cultures présentes dans la rotation afin de contenir le risque sanitaire à un plancher bas :


  • Si des légumineuses (telles que du haricot, de la lentille ou du pois protéagineux) sont présentes dans la rotation, il est judicieux d’éviter de sélectionner des espèces végétales comme la gesse, la luzerne, les pois, les vesces ou les trèfles sensibles à l’aphanomycès.

  • Par ailleurs, l’utilisation des crucifères est déconseillé si du colza revient régulièrement.


SI de telles espèces étaient, malgré tout, retenues (notamment pour diversifier le mélange), il est conseillé de limiter leur présence à 10-15% du nombre de graines total.


L’image ci-contre montre la compatibilité des espèces à privilégier en fonction des cultures présentes dans la rotation.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et adaptation à la rotation - Comment composer un couvert végétal avant tournesol ? - 1 sur 2

Espèces végétales à privilégier et adaptation à la rotation - Comment composer un couvert végétal avant tournesol ? - 2 sur 2


Et voici ce qu’il en est pour les autres espèces possibles.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et adaptation à la rotation - Comment composer un couvert végétal avant tournesol ? - 1 sur 4

Espèces végétales à privilégier et adaptation à la rotation - Comment composer un couvert végétal avant tournesol ? - 2 sur 4

Espèces végétales à privilégier et adaptation à la rotation - Comment composer un couvert végétal avant tournesol ? - 3 sur 4

Espèces végétales à privilégier et adaptation à la rotation - Comment composer un couvert végétal avant tournesol ? - 4 sur 4


D. Affiner la sélection des espèces végétales en tenant compte de plusieurs caractéristiques


La quatrième étape consiste à affiner la sélection des espèces végétales en prenant en compte plusieurs caractéristiques secondaires afin d’adapter au mieux le couvert végétal aux conditions pédoclimatiques et culturales de l’exploitation.


1. Espèces végétales et système de développement


Le port aérien et le système racinaire varient sensiblement entre les espèces végétales, tant dans leur morphologie que dans leur hauteur ou profondeur de développement. Au niveau aérien, le port de feuille peut occuper une strate haute, intermédiaire ou basse. Dans le sol, les racines peuvent se développer superficiellement, s’enfoncer profondément ou coloniser un étage intermédiaire. Les illustration suivantes montrent comment chaque espèce occupe chaque espace.


Voici comment les espèces à privilégier colonisent chaque étage (aérien et souterrain).

Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et morphologie de développement - Système aérien - Composer son couvert végétal avant tournesol

Espèces végétales à privilégier et morphologie de développement - Système racinaire - Composer son couvert végétal avant tournesol

Voilà ce qu’il en est pour les autres espèces possibles.

Cliquer sur chaque image pour l'agrandir


Espèces végétales possibles et morphologie de développement - Système aérien - Composer son couvert végétal avant tournesol

Espèces végétales possibles et morphologie de développement - Système racinaire - Composer son couvert végétal avant tournesol

Pour de meilleurs résultats agronomiques, associez des espèces présentant des morphologies de développement complémentaires : la colonisation des espaces en sera ainsi optimisée ! 😃



2. Espèces végétales et vitesse de développement


Les espèces végétales présentent des vitesses de développement variables. Celles capables de s’installer rapidement auront la capacité d’assurer une bonne couverture du sol dans les premières semaines suivant le semis du couvert végétal. À l’opposé, les plus lentes produiront plus de biomasse dans la deuxième partie de cycle et prolongeront la présence du couvert dans le temps.


Voici comment se classent les espèces à privilégier.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant soja


Pour les autres espèces possibles, le panorama est le suivant.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales possibles et vitesse de développement - Composer son couvert végétal avant tournesol - 1 sur 2

Espèces végétales possibles et vitesse de développement - Composer son couvert végétal avant tournesol - 2 sur 2

Il est judicieux d’associer des espèces avec des vitesses de développement différentes afin d’augmenter les résultats agronomiques.



3. Espèces végétales et adaptation aux conditions climatiques


L’infographie suivante montre comment se répartissent les espèces végétales en fonction de la température et de l’humidité optimales pour leur développement.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales et conditions climatiques - Composer son couvert végétal avant tournesol

Bien évidemment, deux groupes se distinguent assez nettement : les espèces estivales d’un côté, celles adaptées aux conditions hivernales de l’autre.



4. Espèces végétales et résistance au gel


Chaque espèce présente des capacités de résistance au gel différentes. Les infographies suivantes montrent ce qu’il en est pour les différentes espèces.


Voici comment les espèces à privilégier résistent au gel.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant tournesol - 1 sur 2

Espèces végétales à privilégier et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant tournesol - 2 sur 2


Voilà comment les autres espèces possibles se comportent.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales possibles et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant tournesol - 1 sur 4

Espèces végétales possibles et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant tournesol - 2 sur 4

Espèces végétales possibles et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant tournesol - 3 sur 4

Espèces végétales possibles et aptitude résistance au gel - Composer son couvert végétal avant tournesol - 4 sur 4


En agriculture biologique, l’utilisation d’espèces gélives est souhaitable pour obtenir une destruction thermique pendant l’hiver. Par la suite, une vigilance particulière devra être accordée au développement éventuel d’adventices jusqu’au semis du tournesol.



5. Espèces végétales et type d’interculture


Deux configurations d’interculture sont possibles dans le cas d’un couvert végétal avant tournesol :


a. Interculture très longue (tournesol précédé d’une culture d’hiver) :


Dans ce cas de figure, il est agronomiquement judicieux de mettre d’abord en place un couvert végétal d’été composé d’espèces plutôt « estivales » adaptées pour les intercultures courtes.


Ensuite, à la mi-Septembre, ce premier couvert sera détruit et un autre composé d’espèces « hivernales » sera semé.


b. Interculture longue (tournesol précédé d’une culture d’été) :


Le couvert végétal mis en place sera surtout composé d’espèces végétales compatibles avec les intercultures longues. Dans la partie nord de la France, le semis sera réalisé idéalement entre le 15 Août et le 15 Septembre, en tenant compte des conditions d’humidité du sol. Dans la moitié sud, la période favorable s’étendra plutôt de la mi-Septembre et la mi-Octobre.


Les images suivantes montrent la distribution des espèces à privilégier puis celles possibles entre les types d’interculture.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales et conditions climatiques - Composer son couvert végétal avant soja

Espèces végétales possibles et types d'interculture - Composer son couvert végétal avant tournesol - 1 sur 2

Espèces végétales possibles et types d'interculture - Composer son couvert végétal avant tournesol - 2 sur 2


6. Espèces végétales et période de semis préférentielle


Les infographies suivantes montrent les périodes de semis optimales pour chaque espèce végétale. Dans chaque cas, l’extension en rouge montre l’allongement dans la partie Sud de l’hexagone.


Voici les plages de date pour les espèces à privilégier.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et périodes de semis - Composer son couvert végétal avant tournesol - 1 sur 2

Espèces végétales à privilégier et périodes de semis - Composer son couvert végétal avant tournesol - 2 sur 2

Voilà celles pour les autres espèces possibles.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales possibles et dates de semis - Composer son couvert végétal avant tournesol - 1 sur 4

Espèces végétales possibles et dates de semis - Composer son couvert végétal avant tournesol - 2 sur 4

Espèces végétales possibles et dates de semis - 3 sur 4 - Composer son couvert végétal avant soja

Espèces végétales possibles et dates de semis - Composer son couvert végétal avant tournesol - 4 sur 4

« Pour un couvert végétal avant tournesol, semez avant le 15 septembre dans la partie nord de la France, et le 15 octobre au plus tard dans la partie sud ! » 😃



E. Déterminer la dose respective des espèces végétales retenues


La cinquième étape consiste à définir la dose respective des espèces retenues.


1. Cas d’un couvert végétal monoespèce


Dans cette situation, il est judicieux de semer l’espèce souhaitée à dose pleine dans l’objectif d’obtenir de bonnes performances agronomiques.


À ce titre, les images suivantes détaillent les doses à retenir pour chaque espèce.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces à privilégier et dose de semis pour un couvert uniespèce - Composer son couvert végétal avant tournesol

Espèces Espèces possibles et dose de semis pour un couvert uniespèce - Composer son couvert végétal avant tournesol et dose de semis pour un couvert uniespèce - Composer son couvert végétal avant tournesol

À noter que, dans chaque cas, la valeur indiquée peut évoluer d’une variété l’autre : il est alors recommandé de prendre contact auprès du fournisseur pour obtenir plus de précisions.



2. Cas d’un couvert végétal multiespèce


Dans ce cas de figure, la méthode est simple :


a.  Considérer la dose pleine pour chaque espèce,


b. Diviser chaque dose pleine par le nombre d’espèces végétales composant le couvert. Ce calcul permet d’obtenir la "dose conseillée".


c. Pour chaque espèce, ajuster, à la baisse ou à la hausse, le calcul obtenu afin de donner la « couleur » souhaitée pour le couvert en fonction des objectifs définis initialement. C’est la "dose ajustée" !


Retenez que, pour une couverture optimale du sol, semer au moins entre 250 et 350 graines/m2. 😃


À titre d’exemple, considérons le cas de figure suivant :


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Comment ajuster la dose des espèces d'un couvert végétal - Quel couvert avant un tournesol ?

  • La « dose conseillée » est déterminée en divisant la dose pleine de chaque espèce végétale par leur nombre total dans le couvert (7).


  • Ensuite, chaque dose conseillée est conservée en l’état ou ajustée à la hausse ou à la baisse pour atteindre les objectif définis pour le couvert végétal :


a. Ici, l'exploitant surpondère, à des degrés divers, la présence des légumineuses pour favoriser les restitutions azotées pour la culture de tournesol suivante. Une accent particulier est porté sur les féveroles, connues pour produire beaucoup de biomasse,


b. Les radis sont conservés à leur dose conseillée : ils sont intégrés au couvert pour leur capacité à engendrer de la matière végétale,


c. Enfin, le seigle est retenu pour son effet racinaire (fasciculé) intéressant vis à vis pour la structure du sol. Sa dose est diminuée légèrement pour éviter toute compétition avec le tournesol dans son début de cycle.



F. Six raisons d’opter pour un couvert végétal diversifié


Il existe au moins six bonnes raisons de privilégier un couvert végétal diversifié :


1. Mieux s’adapter au temps d’interculture


Pour une interculture longue, le mélange d’espèces présentant des vigueurs différentes garantit une présence du couvert végétal sur la durée souhaitée : les plus vigoureuses coloniseront rapidement l’espace en début de cycle, les autres produiront de la biomasse sur la seconde partie.


2. Mieux s’adapter aux conditions climatiques


Dans le cas de conditions climatiques difficiles, la combinaison de plusieurs espèces garantit une meilleure pérennité du couvert sur la durée souhaitée. L’expérience de terrain montre en effet que certaines espèces savent mieux tirer leur épingle du jeu et il est rare de voir régresser toutes les espèces d’un même mélange.


3. Mieux s’adapter à l’hétérogénéité du sol de la parcelle


La plupart des parcelles connaissent une hétérogénéité spatiale du sol plus ou moins marquée. Dans ces circonstances, l’association de plusieurs espèces est une pratiques judicieuse pour mieux s’adapter à la variabilité parcellaire : la couverture du sol est meilleure et, à moyen terme, les paramètres du sol deviennent plus homogènes.


4. Mieux s’adapter aux saisons


À titre d’illustration, l’inclusion d’espèces « estivales » dans des couverts hivernaux semés précocement permet de profiter de leur capacité à produire de la biomasse dans les premières semaines suivant le semis. Par la suite, les espèces hivernales prendront le relais.


5. Associer les spécificités de chaque espèce végétal


Le semis d’un couvert multiespèce est une pratique judicieuse pour combiner les spécificités morphologiques et physiologiques de chaque espèce : elle permet de construire des couverts capables d’explorer les différents espaces du sol et aériens. Également, l’association de différents systèmes racinaires permet d’améliorer la structure du sol de façon complémentaire. Enfin, l’affinité différente des espèces pour les éléments nutritifs du sol rend meilleure leur fixation.


6. Mieux gérer les compatibilités d’assolement


Combiner plusieurs espèces permet de mieux gérer les risques sanitaires en évitant de sur-représenter des espèces présentes dans la rotation, tout en permettant à chacune d’exprimer ses spécificités.



II. RÉUSSIR LE SEMIS DES COUVERTS VÉGÉTAUX AVANT TOURNESOL


A. Semis du couvert végétal avant tournesol et points de vigilance


Pour bien réussir le semis, plusieurs points de vigilance sont à considérer.


1. L’état structural du sol


Semer dans de bonnes conditions de sol est bien sûr fondamental. Aussi est-il important de vérifier la structure du sol préalablement à l’opération de semis : quelques jours avant, il est judicieux de réaliser un test bêche en ce sens. Cette observation sera l’opportunité de vérifier si un travail du sol complémentaire est nécessaire ou non, le cas échéant quel outil est le plus approprié.



2. La gestion des pailles


Dans le cas d’un interculture très longue (tournesol précédé d’une culture d’hiver), si aucun couvert estival n’est mis en place, il est judicieux de laisser les pailles hautes pour limiter l’évapotranspiration. Plus tard, avant l’opération de semis, il sera très important, au contraire, de maîtriser la présence de résidus susceptibles d’attirer des ravageurs tels que les limaces.



3. La vigueur des espèces


L’inclusion d’espèces à développement rapide est une pratique judicieuse pour couvrir le sol rapidement et limiter l’apparition d’adventices.



4. La disponibilité des éléments minéraux dans le sol


Les espèces semées utilisent, entre autres, les reliquats laissés par la culture précédente. En cas de levée difficile, un apport d’éléments minéraux peut être envisagé, si la réglementation en vigueur sur la parcelle le permet.



5. La taille et la qualité des graines


L’homogénéité de la taille des graines composant le couvert végétal conditionne souvent le nombre de passages nécessaires pour semer. Si les graines sont de gabarits équivalents, un seul passage suffira. Dans le cas contraire, deux seront nécessaires, à moins que le semoir dispose de plusieurs trémies ou que des matériels complémentaires soient attelés en même temps au tracteur.

Par ailleurs, choisissez autant que possible des graines de qualité pour maximiser la levée du couvert.



6. La rémanence des herbicides


L’utilisation de produits phytosanitaires à base de sulfonylurée (particulièrement rémanent) peut engendrer une moindre levée du couvert végétal. Pour éviter un tel problème, il est fortement recommandé de changer régulièrement de familles de produits.



7. Les conditions climatiques


La température ambiante et l’humidité du sol sont les deux facteurs importants à prendre en compte pour garantir une bonne levée. Pendant l’été, il est important de semer avant une pluie. Plus tard, il est préférable d’effectuer l’opération à une date où le nombre de degrés de chaleur-jour est encore intéressant afin de garantir un bon démarrage du couvert végétal.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Points de vigilance du semis- Conditions climatiques - Quel couvert avant un tournesol ?


B. Opter pour les techniques de semis adéquates au regard des espèces composant le couvert végétal


1. Focus sur les techniques de semis


Il existe huit « grandes » techniques de semis ou de matériel :


a. Le semoir à dents,


b. Le semoir à disques sur chaumes,


c. Autre type de semoir,


d. Le semis au déchaumeur sans recouvrement,


e. Le semis au déchaumeur + passage de rouleau pour recouvrir,


f. Le semis à la volée + passage de rouleau pour recouvrir,


g. Le semis à la volée dans la culture précédente,


h. Le semis sous la coupe.


Pour un semis à la volée dans la culture précédente, il est préférable de l’effectuer au plus tard au stade « limite passage tracteur » (sauf à disposer d’un enjambeur).


Pour le semis sous la coupe, les pailles doivent être coupées assez court pour garantir un bon contact entre le sol et la graine.



2. Compatibilité entre techniques de semis et espèces végétales


Les images ci-après montrent l’adéquation entre les différentes techniques et les espèces végétales.


Voici le panorama pour les espèces à privilégier.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et adéquation croisée avec les techniques de semis du couvert végétal avant tournesol - 1 sur 2

Espèces végétales à privilégier et adéquation croisée avec les techniques de semis du couvert végétal avant tournesol - 2 sur 2

Et voilà ce qu’il en est pour les autres espèces possibles pour le couvert.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de semis - 1 sur 4

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de semis - 2 sur 4

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de semis - 3 sur 4

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de semis - 4 sur 4

Trois points apparaissent assez nettement :


  • Le semis sous la coupe est adapté surtout pour les crucifères et la catégorie « autres espèces »,


  • La technique avec semoir donne globalement les meilleurs résultats,


  • Le semis au déchaumeur avec passage du rouleau est un très bon compromis entre coût et efficacité.



3. Profondeur de semis et et espèces végétales


Les images ci-contre détaillent les profondeurs de semis optimales pour chaque espèce végétale.


D’abord, voici les espèces à privilégier.


Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et profondeur de semis - Comment semer le couvert végétal avant tournesol


Ensuite, voilà les valeurs pour les autres espèces possibles.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir


Espèces végétales possibles et profondeur de semis - Comment semer le couvert végétal avant tournesol - 1 sur 4

Espèces végétales possibles et profondeur de semis - Comment semer le couvert végétal avant tournesol - 2 sur 4

Espèces végétales possibles et profondeur de semis - Comment semer le couvert végétal avant tournesol - 3 sur 4

Espèces végétales possibles et profondeur de semis - Comment semer le couvert végétal avant tournesol - 4 sur 4

Dans le cas d’un couvert végétal diversifié, la profondeur de semis optimale est de 2 cm. Elle peut être supérieure (2,5 à 3,5 cm) si l’humidité du sol est faible.



III. BIEN ACCOMPAGNER LA CROISSANCE DU COUVERT VÉGÉTAL EN VÉGÉTATION


Pour obtenir de bons résultats agronomiques, il est judicieux d’accompagner le développement du couvert végétal jusqu’à sa destruction. Au même titre que pour une culture, une attention particulière peut être accordée à la fertilisation et à la stimulation du couvert.


A. Fertiliser le couvert végétal


En premier lieu, la fertilisation du couvert peut être envisagée si la réglementation en vigueur sur la parcelle l’autorise, dans les limites définies. Dans ce cas, l’apport d’engrais organiques ou minéraux permettra de booster la croissance du couvert végétal pour lui permettre de produire une biomasse importante.



B. Stimuler le couvert végétal


La fertilisation peut être couplée avec l’apport de produits présentant différents profils d’action :


  1. Des produits qui soutiennent le processus la photosynthèse : les oligoéléments, les algues,…


  2. Des produits limitant le stress physiologique du couvert végétal : la vitamine C, les microorganismes, les macérations,…


  3. Des produits capables de réguler l’environnement du sol : les biochars, les basaltes paramagnétiques,… Attention à choisir des produits de qualité !



IV. RÉUSSIR LA DESTRUCTION DU COUVERT VÉGÉTAL AVANT TOURNESOL


A. Destruction du couvert végétal avant tournesol et points de vigilance


Plusieurs points de vigilance sont à prendre en compte pour effectuer la destruction du couvert végétal dans de bonnes conditions.


1. Le salissement du couvert végétal


Il peut arriver que des adventices se développent au milieu du couvert végétal, notamment s’il est peu couvrant ou peu dynamique. En cas de salissement important, il est recommandé d’avancer le moment de la destruction du couvert végétal.



2. Moment de la destruction, efficacité agronomique, décomposition des résidus, pression des ravageurs et lixiviation des éléments minéraux


Le date de destruction est un moment important de la gestion des couverts végétaux. Il en conditionne notamment l’efficacité agronomique. De ce point de vue, plus la destruction est retardée, meilleurs (en principe) seront les résultats, notamment en matière de production de biomasse. Attention toutefois d’éviter la montée à graines ! 😃


À l’opposé, une destruction précoce du couvert peut engendrer une lixiviation des éléments minéraux (faute de système racinaire pour les retenir activement), notamment si des précipitations surviennent par la suite.


Enfin il est très important de tenir compte de la date de semis du tournesol envisagée afin de permettre une dégradation suffisante des résidus végétaux, susceptibles d’attirer des ravageurs tels que les limaces.


Au final, l’idéal est de détruire le couvert végétal 1,5 mois avant la mise en place du tournesol.



3. Type de sol et portance


La destruction du couvert végétal doit être réalisée sur un sol portant pour éviter les phénomènes de tassement en profondeur. Cette capacité de portance étant différente d’un sol à l’autre, il est recommandé d’observer la structure du sol quelques jours avant la date envisagé afin de mesurer l’humidité du sol.



4. Humidité ou assèchement du sol


Pour compléter le point précédent, le degré d’assèchement du sol doit être suffisant, notamment dans le cas où des outils tels que des déchaumeurs sont utilisés pour détruire les couverts végétaux.



B. Opter pour la technique de destruction la plus approprié pour les espèces composant le couvert végétal


1. Points de vigilance, avantages et inconvénients des techniques de destruction du couvert végétal


Il existe principalement six techniques ou catégories de matériel pour détruire le couvert végétal :


a. Le broyeur : Il permet un bon émiettement de la masse verte, capable de produire un « priming effect » favorable pour la culture de tournesol suivante. Également, l’utilisation de cet outil permet un large choix de semoir. En contrepartie, le débit du chantier est plus faible et le coût plus élevé.


b. Le rouleau lourd : Il permet de détruire une large surface en un temps réduit. Par contre, il est susceptible de tasser le sol. En conséquence, il est important de s’assurer des conditions de portance avant d’effectuer la destruction.


c. Le broyeur hacheur : Il permet aussi un grand débit de chantier, à un coût réduit. S’il est efficace pour les gros couverts, il l’est moins pour ceux à base de graminées.


d. Le déchaumeur : À l’image du broyeur, il favorise un bon émiettement du couvert végétal et une minéralisation plus rapide des résidus. Également, il permet un large choix de modèle de semoir. Par contre, son coût est assez élevé. Également, il est plus impactant pour la structure du sol.


e. La charrue : C’est une technique très efficace . Par contre, elle cumule plusieurs inconvénients :


  • Son utilisation est assez coûteuse,


  • Le débit de chantier est réduit,


  • Elle perturbe sensiblement l’organisation et la structure du sol.


f. L’utilisation de glyphosate avec ou sans 2,4 D : Cette technique offre le meilleur compromis coût-efficacité-débit de chantier. Par contre, c’est aussi une pratique très impactante pour le sol d’un point de vue agroécologique :


  • Elle augmente la quantité de matière active. Or, les travaux de Lionel ALLETTO ont montré que la dégradation biologique en conditions réelles est finalement limitée (voir ici).


  • Le glyphosate bloque la disponibilité du manganèse, indispensable entre autres pour des cultures comme le maïs, les céréales, le tournesol, le pois, le soja, la betterave ou la pomme de terre.


  • Enfin, l’utilisation répétée de ce type de produit crée un phénomène de résistance du ray-grass.



2. Adéquation entre les techniques de destruction et les espèces végétales


Les illustrations ci-contre présentent la comptabilité croisée entre chaque technique de destruction et les différentes espèces végétales.


Voici ce qu’il en est pour les espèces à privilégier.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales à privilégier et adéquation croisée avec les techniques de destruction du couvert végétal avant tournesol - 1 sur 2

Espèces végétales à privilégier et adéquation croisée avec les techniques de destruction du couvert végétal avant tournesol - 2 sur 2

Voilà comment se compose le panorama pour les autres espèces possibles.


Cliquer sur chaque image pour l'agrandir

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de destruction du couvert végétal avant tournesol - 1 sur 4

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de destruction du couvert végétal avant tournesol - 2 sur 4

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de destruction du couvert végétal avant tournesol - 3 sur 4

Espèces végétales possibles et adéquation croisée avec les techniques de destruction du couvert végétal avant tournesol - 4 sur 4


Pour aller plus loin sur le sujet des couverts végétaux, découvrez notre formation intitulée "Réussir ses couverts végétaux pour améliorer ses performances agroécologiques". Vous pouvez cliquer sur le bouton ci-contre pour voir le programme complet :



Si vous souhaitez continuer à développer vos connaissances en agronomie et en agroécologie, vous pouvez cliquer sur le bouton ci-contre :



Au plaisir de vous retrouver pour nos prochains articles !


A bientôt !



Raphaël de TERREOM




Liens utiles :


Terres Inovia - Les couverts d'interculture, de l'annuel au permanent, bénéfices et enseignements - https://www.youtube.com/watch?v=2waTZbflgQg&list=PL-rKfI2fHaAKNoSvZ6jjOO_Nyo-61wZb7&index=1&t=5254s

GIEE MAGELLAN - Semis direct, du couvert annuel…au couvert permanent https://gieemagellan.wixsite.com/magellan/guide-culture-magellan  














Comments


bottom of page