Les couverts végétaux sont l’un des piliers de l’agriculture de conservation (ou de régénération) des sols. Ils sont aussi l’un des leviers importants pour développer des modèles agroécologiques. Mis en place entre deux cultures, ils sont de véritables traits d’union photosynthétiques dans le sens où ils continuent à capter l’énergie lumineuse pour alimenter la vie du sol et soutenir sa fertilité. Une fois en place, ils rendent beaucoup d’autres services. Quels sont-ils exactement ? Quelles espèces choisir pour composer son couvert végétal ? Quels paramètres prendre en compte pour sélectionner les espèces ? Comment définir la dose de semis ? Comment bien semer les couverts végétaux ? Autant de questions auxquelles cet article apporte une réponse.
I. LES COUVERTS VÉGÉTAUX ET LEURS DIFFÉRENTS TYPES D’UTILISATION
Les couverts végétaux peuvent être mis en place à différentes fins.
a. Cultures pièges à nitrates (CIPAN)
Dans cette configuration, le couvert végétal a pour but de fixer l’azote disponible du sol pour diminuer les pertes par lessivage.
b. Cultures dérobées
Le couvert végétal est mis en place dans l’objectif de produire, entre deux cultures, une ressource souvent fourragère.
c. Cultures Intermédiaires à Vocation Énergétique (CIVE)
Dans cette situation, le couvert végétal est mis en place dans l’objectif de produire de la biomasse végétale pour alimenter une unité de méthanisation.
d. Engrais verts
Dans ce cas, le couvert végétal est implanté dans un but agronomique, notamment celui de fixer les éléments minéraux et d’augmenter le bilan humique de la parcelle.
e. Les couverts faunistiques et floristiques
Dans cette situation, des mélanges diversifiés d’espèces à caractère floristique sont semés. Ce type de couvert végétal a essentiellement pour objectif de constituer un abri pour des espèces animales.
L'infographie suivante synthétise les différents types d'utilisation du couvert végétal.
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II. LES COUVERTS VÉGÉTAUX, UNE PRATIQUE AGRONOMIQUE AUX NOMBREUX SERVICES RENDUS
La pratiques des couverts végétaux rend de nombreux services, à différentes échelles. Ces services sont de nature écosystémique et/ou agronomique.
A. Les couverts végétaux et leurs services écosystémiques
Voici la liste des principaux services écosystémiques des couverts végétaux :
1. Protéger le sol (du soleil et des fortes précipitations),
2. Protéger la biodiversité,
3. Augmenter l’infiltration de l’eau,
4. Dégrader les produits phytosanitaires (dans une certaine mesure),
5. Augmenter la biodiversité,
6. Réduire les pertes d’élément par lixiviation,
7. Stocker du carbone,
8. Réduire l’effet splash (gouttelette d'eau) -> un couvert de 2 T MS/ha annule de ruissellement et l’érosion du sol (L. ALLETTO, INRAE)
Le schéma ci-contre synthétise ces différents services écosystémiques.
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B. Les couverts végétaux et leurs services agronomiques
Les principaux services agronomiques rendus par les couverts végétaux sont :
1. Transformer l’énergie solaire en énergie matière pour le sol et la plante,
2. Réguler l’eau dans le sol,
3. Soutenir la vie du sol grâce à la production de sucres issus de la photosynthèse,
4. Augmenter la matière organique et la fertilité du sol,
5. Recycler les éléments -> Chaque espèce a ses affinités vis à vis des ions comme le montre la représentation ci-contre.
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6. Augmenter le rendement et la qualité des récoltes,
7. Diminuer l’enherbement de la parcelle -> Une biomasse de 2,5 T MS/ha permet de diminuer drastiquement le salissement de la parcelle comme le montre le graphique ci-après.
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8. Nourrir la culture suivante -> Les éléments fixés par le couvert sont relâchés sur plusieurs mois voire plusieurs années comme le mettent en évidence des résultats sur des couverts végétaux de moutarde
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L'infographie suivante récapitule en images les services agronomiques rendus par les couverts végétaux.
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III. LES COUVERTS VÉGÉTAUX, UNE GRANDE PANOPLIE D’ESPÈCES VÉGÉTALES
A. Les couverts végétaux : 4 grandes catégories d’espèces végétales
Les couverts végétaux sont constitués d’espèces semées en pur ou en mélanges. Il existe quatre grandes catégories d’espèces :
1. Les crucifères : cameline, colza d’hiver, moutarde blanche, navette fourragère, radis chinois, radis fourrager,
2. Les graminées : avoine d’hiver, avoine de printemps, avoine du Brésil, maïs, moha fourrager, ray-grass, seigle forestier, seigle fourrager, sorgho fourrager, triticale
3. Les légumineuses : fénugrec, féverole d’hiver, féverole de printemps, lotier corniculé, luzerne, pois fourrager, pois protéagineux, sainfoin, trèfle blanc, trèfle d’Alexandrie, trèfle de Micheli, trèfle de Perse, trèfle incarnat, vesce d’hiver, vesce de printemps, vesce velue.
4. Autres : lin d’hiver, lin de printemps, nyger, phacélie, sarrasin, tournesol.
Ces listes d’espèces ne sont bien sûr pas exhaustives.
B. Couverts végétaux, espèces, avantages et points de vigilance
Chaque espèce ou famille d’espèce présente des avantages (ou spécificités) et des points de vigilance à prendre en compte. Le tableau ci-après dresse une photo du panorama général.
Les crucifères, avantages et points de vigilance
AVANTAGES | POINT DE VIGILANCE |
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Les céréales, avantages et points de vigilance
AVANTAGES | POINTS DE VIGILANCE |
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Les légumineuses, avantages et points de vigilance
AVANTAGES | POINT DE VIGILANCE |
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Les autres espèces, avantages et points de vigilance
Le tournesol
AVANTAGES | POINTS DE VIGILANCE |
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La phacélie
AVANTAGES | POINTS DE VIGILANCE |
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Le lin
AVANTAGES | POINT DE VIGILANCE |
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Le nyger
AVANTAGES | POINTS DE VIGILANCE |
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Le sarrasin
AVANTAGES | POINTS DE VIGILANCE |
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C. Couverts végétaux, espèces et caractéristiques
Plusieurs caractéristiques peuvent être prises en compte pour orienter la composition des couverts végétaux.
1. Espèces végétales et vitesse de développement
Les espèces végétales ont des vigueurs de levée et de développement très différentes entre elles. Les tableaux ci-après explicitent la situation pour chaque espèce.
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2. Espèces végétales et morphologie de développement
Les espèces végétales se différencient par la hauteur de développement de leur port aérien et la profondeur de pénétration de leur système racinaire. Pour l’étage supérieur, le port de feuille peut occuper une strate haute, basse ou intermédiaire. Au niveau inférieur, les racines peuvent coloniser l’étage superficiel (premiers centimètres du sol), descendre au contraire très bas ou rester dans un niveau intermédiaire.
Les tableaux suivants montrent ce qu’il en est pour les principales espèces végétales de chaque famille.
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3. Espèces végétales et conditions climatiques
Chaque espèce a sa période de développement privilégiée. L’infographie ci-contre répartit les espèces en fonction de la température optimale et de l’humidité idéale du sol favorables à leur développement.
Sans surprise, ce diagramme permet d’identifier les espèces végétales hivernal et celles estivales.
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4. Espèces végétales et période de semis préférentielle
Les infographies suivantes montrent les plages optimales de semis pour chaque espèce, en fonction de leur région d’implantation (Nord ou Sud de la France).
L’expérience terrain doit permettre d’adapter ces informations à un contexte plus local.
Retenez toutefois la règle suivante :
« Pour les couverts d’hiver, semez avant le 15 septembre dans la partie nord de la France, et avant le 15 octobre dans la partie sud.»
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5. Espèces végétales et résistance au gel
Les aptitudes de résistance au gel sont très différentes d’une espèce à l’autre, notamment en fonction de la période préférentielle de semis.
À noter que l’utilisation d’espèces gélives peut être judicieuse dans des systèmes en agriculture biologique pour garantir une destruction pendant les premières fraîcheurs de l’hiver afin de faciliter soit la mise en place d’une culture de printemps dans les premiers instants de Mars, soit un meilleure développement d’une culture hivernale dans le cas de plantes compagnes.
Les tableaux ci-après montrent la situation pour chaque espèce végétale. Les amplitudes s'expliquent soit par des différences entre variété, soit par des variabilités suivant les sources de données.
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6. Espèces végétales et effet allélopathique
Certaines espèces végétales ont des propriétés allélopathiques, dans le sens où elles produisent des composés chimiques toxiques contre certaines micro-organismes du sol (nématodes, champignons) ou contre la germination de graine de certaines adventices. L’utilisation de ces espèces est une technique judicieuse pour lutter contre certains problèmes sanitaires du sol (nématodes, champignons pathogènes, adventices récurrentes,...).
L’infographie ci-contre fait l’inventaire des quelques espèces végétales connues pour leur pouvoir allopathique. D'autres sources peuvent citer en plus d'autres espèces végétales.
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7. Espèces végétales et interculture
Les couverts végétaux sont (en règle générale) mis en place entre deux cultures. Il existe deux grands types d’interculture (une approche plus détaillé sera abordée dans la partie III. B.) : les intercultures longues et les intercultures courtes.
Les tableaux suivants font le parallèle entre les espèces végétales et le type d’interculture pour lequel elles sont adaptées.
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8. Espèces végétales et pérennité
La plupart du temps, les couverts végétaux sont mis en place pendant quelques mois voire quelques semaines. Sous l’impulsion du développement du semis direct, les pratiques de couverts permanents (pour une durée supérieure à 1 an) sont de plus en plus fréquentes. Les espèces végétales les plus appropriées à la pratique sont : le lotier corniculé, la luzerne, le sainfoin ou encore le trèfle blanc. Cette liste est bien sûr non exhaustive.
IV. COMMENT COMPOSER SES COUVERTS VÉGÉTAUX
A. Définir ses objectifs pour bien adapter ses couverts végétaux
Dès le début de la réflexion sur la mise en place des couverts végétaux, il est très important de se fixer ses propres objectifs pour adapter en conséquence la composition de ses couverts végétaux. Ces objectifs sont divers :
1. Répondre à la réglementation,
2. Limiter l’enherbement de la parcelle,
3. Limiter la pression sanitaire,
4. Limiter l’érosion du sol,
5. Accroître la rétention des éléments minéraux du sol,
6. Augmenter la matière organique du sol,
7. Favoriser les restitutions azotées pour la culture suivante,
8. Développer la biodiversité.
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Pour obtenir de très bons résultats agronomiques, soyez ambitieux dans votre pratique des couverts végétaux ! 😃
B. Choisir des espèces végétales en fonction des caractéristiques recherchées
Pour composer son couvert végétal, plusieurs caractéristiques peuvent être prises en compte. À la liste des caractéristiques abordées dans la partie III. C., peuvent être ajoutés également la valorisation en fourrage ou le mode de destruction, notamment quand le parc matériel disponible est restreint, guidant le choix vers une technique plus qu’une autre.
C. Tenir compte des cultures présentes dans la rotation
La prise en compte des cultures présentes dans la rotation est primordiale pour maintenir le risque sanitaire à un niveau bas. Ainsi, en cas de présence de légumineuse dans la rotation, il est préférable d’éviter d’utiliser les espèces végétales sensibles à l’aphanomyces comme le pois, la lentille, ou luzerne par exemple. De même, si des cultures telles que le colza reviennent régulièrement, alors il est recommandé de limiter la part des crucifères dans les couverts végétaux mis en place. Quand des couverts végétaux diversifiés sont mis en place en incluant ces espèces, il est agronomiquement judicieux de limiter leur présence à 10 ou 15% de leur dose pleine de référence.
Les infographies suivantes montrent les espèces végétales les plus adéquates pour composer ses couverts végétaux en fonction des cultures de la rotation.
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D. Tenir compte de la culture suivante
C’est une règle de bon sens : éviter d’implanter une espèce de la même famille que la culture suivante pour plusieurs raisons :
1. L’espèce choisie pour le couvert aura souvent le même « garde-manger » que la culture suivante : dans un tel cas, la culture risque d’être confrontée à un manque de ressources au moment du semis,
2. L’espèce « cousine » pourra persister dans la culture suivante et demander des efforts supplémentaires en matière de gestion des adventices (ex : un couvert d’avoine d’hiver avant un maïs),
3. L’utilisation de telle espèce pourra augmenter les risques sanitaires pour la culture suivante (ex : un couvert de pois fourrager avant un soja).
Dans le cas de couverts végétaux diversifiés, il est recommandé de limiter la part des espèces « cousines » à 10 ou 15% du nombre de graines.
Quelle est la bonne attitude vis à vis de la culture suivante ? Jouez sur les synergies entre les cultures :
a. Implantez une légumineuse avant une céréale : la céréale profitera des reliquats azotés de la légumineuse ! 😃
b. Implantez une céréale avant une légumineuse dans la mesure où les ressources utilisées par chacune sont différentes ! 😃
Les tableaux suivants montre l’adéquation entre espèce végétale du couvert et culture suivante.
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E. Comment ajuster la dose des espèces du couvert végétal
1. Cas de couvert végétal uni-espèce
Chaque espèce végétale a une dose de semis recommandée. Comme pour une culture, dans le cas de couvert végétal uniespèce, il est recommandé de semer à une dose pleine.
À noter que les doses préconisées peuvent varier en fonction des variétés utilisées pour une espèce considérée : il est alors essentiel de se renseigner auprès de son fournisseur.
Le tableau ci-contre rappelle les doses pour chaque espèce des catégories identifiées.
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2. Cas de couvert végétal multi-espèces
La règle de base est simple :
a. Étape 1 : Considérer la dose pleine pour chaque espèce,
b. Étape 2 : Diviser chaque dose considérée par le nombre d’espèce végétale composant le couvert. Cette opération permet de déterminer la "dose conseillée".
c. Étape 3 : Pondérer, à la hausse ou à la baisse, le résultat obtenu pour chaque espèce pour donner « une couleur » spécifique au couvert végétal en fonction des objectifs déterminés en amont. C'est la "dose ajustée".
Pour une bonne couverture, l’idéal est de semer au moins entre 250 et 350 graines/m2.
Pour clarifier tout ça, prenons un exemple suivant.
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Détaillons les étapes successives :
La dose pleine de chaque espèce végétale est divisée par le nombre total d'espèces dans le couvert (7).
Dans un second temps, la dose conseillée de chaque espèce est maintenue ou pondérée à la hausse ou à la baisse en fonction de la couleur souhaitée :
a. Ici l'exploitant a choisi d'accentuer plus ou moins la présence des légumineuses pour maximiser les restitutions azotées dont pourra bénéficier le maïs suivant. L'accent de la pondération est surtout porté sur les féveroles pour leur effet supplémentaire de production de biomasse,
b. Les radis sont maintenus à leur dose conseillée,
c. La part du seigle est corrigée légèrement à la baisse pour éviter tout problème dans le maïs suivant.
F. Les avantages d’un couvert végétal diversifié
La mise en place d’un couvert végétal diversifié présente plusieurs avantages :
1. Mieux gérer les compatibilités d’assolement
Associer plusieurs espèces permet d’éviter de sur-représenter une espèce et de mieux gérer le risque sanitaire tout en bénéficiant de la spécificité de chacune.
2. Mieux s’adapter aux saisons
Par exemple, l’utilisation de espèces plutôt estivales dans des couverts hivernaux permet de profiter leur production de biomasse dans les premières semaines de la mise en place avant de « laisser la place » aux espèces hivernales.
3. Mieux gérer le temps d’interculture
Dans le cas d’interculture longue, l’association de plusieurs espèces permet notamment d’associer des espèces vigoureuses en début de cycle avec d’autres plus lentes pour garantir une bonne couverture et un bon développement de biomasse pendant la durée de présence du couvert végétal.
4. Mieux gérer le risque climatique
L’utilisation de plusieurs profils d’espèce permet de garantir la pérennité du couvert pendant la durée souhaitée, notamment quand les conditions climatiques peuvent être défavorables à l’une d’elles. C’est comme « éviter de mettre les oeufs dans le même panier ».
5. Mieux gérer l’hétérogénéité du sol de la parcelle
Il est rare d’avoir un sol tout à fait homogène pour une parcelle : l’exemple ci-contre en est une parfaite illustration.
En conséquence, la variabilité spatiale des paramètres du sol influe différemment sur le développement de l’une ou l’autre des espèces en fonction des endroits : cette technique d’association permet d’éviter les trous et garantit un meilleur taux de couverture.
À long terme, l’utilisation de couvert végétal diversifié permet d’homogénéiser les paramètres du sol dans une certaine mesure.
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6. Associer les spécificités de chaque espèce
L’utilisation de couverts composés est une chance pour profiter des spécificités morphologiques et physiologiques de chaque espèce. Notamment, cette technique permet de construire des couverts capables de coloniser les différentes strates du profil aérien et souterrain. Egalement, l’association de différentes morphologies du système racinaire est parfaite pour améliorer la structure du sol de façon complémentaire. Et bien sûr, les affinités différentes entre espèces pour les éléments nutritifs du sol améliore leur captation.
7. Favoriser la biodiversité du sol
Comme l’illustre l’infographie ci-contre, le nombre de mycorhizes est d’autant plus grand que le nombre d’espèces associées est important.
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Le schéma ci-après synthétise tous les avantages d'un couvert végétal diversifié.
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Alors combien d’espèces est-il préférable de mélanger pour un couvert végétal réussi ? Une règle facile à retenir :
"Semez autant d’espèces que le nombre de mois pendant lesquels le couvert reste en place."
En clair, au moins 4 à 5 espèces pour des couverts hivernaux et 2 à 4 pour des couverts estivaux. Il est bien sûr possible d’aller au-delà en fonction des objectifs fixés.
V. BIEN SEMER LES COUVERTS VÉGÉTAUX
A. Semis des couverts végétaux et points de vigilance
Pour semer les couverts végétaux, plusieurs points de vigilance sont à prendre en compte :
1. Rémanence des herbicides
C’est notamment vrai quand des produits de type sulfonylurée ont été utilisés dans les mois qui précédent le semis du couvert. Dans une telle configuration, il est souhaitable de changer de famille de produits régulièrement si c’est possible.
2. La gestion des pailles
En été, laisser des pailles hautes entre la récolte de la culture précédente et le semis du couvert végétal est judicieux pour limiter l’évapotranspiration. Au moment du semis, au contraire, il est important de s’assurer d’une bonne désagrégation de ces pailles pour éviter d’attirer sur la parcelle des ravageurs tels que les limaces.
3. L’état de la structure du sol
Quelques jours avant le semis, il est judicieux de faire un test-bêche pour observer la structure du sol. Cette démarche est utile pour décider de l’opportunité d’un éventuel travail du sol avant semis.
4. Les conditions climatiques
L’humidité du sol et la température ambiante sont deux paramètres importants à prendre en compte pour s’assurer d’une bonne réussite de la levée. En été, il est préférable de semer avant une pluie si possible. À l’automne, il est vivement de recommandé d’implanter son couvert végétal au plus tard dans la première quinzaine d’octobre (de septembre pour la partie nord de la France), si possible, pour disposer de degrés de chaleur suffisants pour garantir un bon développement initial du couvert végétal.
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5. La disponibilité des éléments minéraux dans le sol
Ce point est important dans la mesure où, en règle générale, les espèces du couvert végétal utilisent les reliquats laissés par la culture précédente pour amorcer leur développement. Il est bien sûr possible de fertiliser son couvert végétal à condition de respecter la réglementation en vigueur (notamment en zone vulnérable).
6. Vigueur des espèces
Il est judicieux d’utiliser une ou plusieurs espèces à développement rapide pour garantir une bonne implantation du couvert rapidement après le semis : ce choix permet aussi de limiter le salissement par des adventices parasites.
7. Taille et qualité des graines
D’abord, la taille des graines est importante dans la mesure où elle influe sur la technique de semis. En effet, si les graines sont de taille assez semblable, un seul passage peut être utile pour semer. Au contraire, dans le cas de graines de tailles sensiblement différentes, alors deux passages seront souvent nécessaires, à moins que le matériel de semis utilisé soit équipé de plusieurs trémies ou que plusieurs types d’outils puissent être jumelés sur le tracteur (ex : épandeur de petites graines à l’avant et semis de grosses graines au déchaumeur à l'arrière).
Par ailleurs, le choix de graines de qualité est souhaitable pour augmenter le taux de germination et les chances de levée.
B. Couverts végétaux et configurations de semis
Il existe quatre configurations de semis principales en fonction du délai entre la récolte de la première culture et le semis de la suivante.
1. Les intercultures très courtes
C’est notamment le cas entre une culture d’été et une culture d’hiver : en règle générale, l’interculture est de moins de 1 mois.
Comme le montre l’infographie ci-contre, le semis du couvert peut se faire :
a. À la volée dans la culture précédente, au stade « limite passage tracteur »,
b. En même temps que la culture suivante.
Dans les deux cas, le couvert semé joue aussi le rôle de plante « compagne » de la culture suivante.
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2. Les intercultures courtes
C’est la configuration entre deux cultures d’hiver : en règle générale, l’interculture est 2 à 4 mois.
Dans ce cas , le semis du couvert peut être réalisé à plusieurs moments comme le montre la représentation ci-après :
a. À la volée dans la culture précédente, au stade « limite passage tracteur ». Le couvert prend son essor une fois la première culture récoltée. Il peut être détruit juste avant le semis de la seconde ou bien préservé et faire office de plante « compagne » de la seconde culture.
b. Juste après la récolte de la première culture. Il est alors nécessaire de s’assurer d’un taux d’humidité suffisant dans le sol pour garantir une bonne levée. Le couvert pourra être laissé le temps de l’interculture ou bien, préservé et jouer le rôle de plante « compagne » pour la culture suivante.
c. En même temps que la culture suivante. Le couvert végétal fait alors office de plante « compagne ».
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3. Les intercultures longues
C’est notamment le cas entre deux cultures de printemps. Le temps d’interculture est alors de 4 à 6 mois.
Pour le semis, le cas le plus fréquent reste de le réaliser une fois la première culture récoltée. Ce semis a généralement lieu à une date assez tardive dans le calendrier. Il est recommandé de le faire avant le 15 Septembre dans la partie Nord de la France et avant le 15 Octobre dans le Sud pour bénéficier de degrés de température suffisants pour favoriser une bonne levée et une bonne pousse initiale.
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4. Les intercultures très longues
C’est exactement la configuration entre une culture d’hiver et une culture de printemps. Le temps d’interculture est alors de 8 à 9 mois.
Dans ce cas, nous recommandons vivement de semer successivement un couvert d’été puis un couvert d’hiver : cette méthode permet de soutenir la fertilité du sol en augmentant le bilan humique de la parcelle.
Bien évidemment, le semis du premier couvert pourra être réalisé seulement si l’humidité du sol est suffisante.
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Voyons maintenant quelles sont les différents outils et techniques possibles pour effectuer le semis.
C. Couverts végétaux et techniques de semis
1. Techniques de semis, points de vigilance et points-clés
Il existe 8 techniques de semis principales du couvert végétal :
a. Le semis à la volée dans la culture précédente,
b. Le semis sous la coupe,
c. Le semoir à dents,
d. Le semoir à disques sur chaumes,
e. Autre type de semoir,
f. Le semis au déchaumeur + passage de rouleau pour recouvrir,
g. Le semis au déchaumeur sans recouvrir,
h. Le semis à la volée + passage de rouleau pour recouvrir.
Pour le semis à la volée dans la culture précédente, il est important de passer à un stade adéquat, au plus tard « limite passage tracteur » sauf à disposer d’un enjambeur.
Pour le semis sous la coupe, il est important de faire attention à la hauteur des pailles pour garantir un bon contact entre le sol et la graine.
Dans les deux cas, il est indispensable d’adapter le choix des espèces (voir partie suivante) et de semer dans des conditions d’humidité du sol optimales.
2. Compatibilité entre espèces végétales et techniques de semis
L’efficacité des techniques de semis est variable en fonction des espèces végétales. Les infographies ci-après montrent l’état de la comptabilité croisée entre les deux en fonction des cas.
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3. Couverts végétaux et profondeur de semis
D’une espèce à une autre, la profondeur optimale de semis est différente. Les tableaux suivants montre la situation pour chaque espèce.
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Dans le cas d’un couvert végétal diversifié, le meilleur optimum est de semer à 2 cm. Cette profondeur peut être légèrement plus élevée (2,5 à 3,5 cm) dans le cas d’une humidité du sol plus basse.
Pour aller plus loin sur le sujet des couverts végétaux, découvrez notre formation intitulée "Réussir ses couverts végétaux pour améliorer ses performances agroécologiques". Vous pouvez cliquer sur le bouton ci-contre pour voir le programme complet :
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Au plaisir de vous retrouver pour nos prochains articles !
A bientôt !
Raphaël de TERREOM
Liens utiles :
Terres Inovia - Les couverts d'interculture, de l'annuel au permanent, bénéfices et enseignements - https://www.youtube.com/watch?v=2waTZbflgQg&list=PL-rKfI2fHaAKNoSvZ6jjOO_Nyo-61wZb7&index=1&t=5254s
Agroleague - Capitaliser sur les couverts végétaux - https://www.youtube.com/watch?v=sqIwaSj0Ql4&list=PL-rKfI2fHaAKNoSvZ6jjOO_Nyo-61wZb7&index=3&t=3116s
Revue TCS - Dossier Couverts végétaux - https://agriculture-de-conservation.com/sites/agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/TCS33_dossier_couverts.pdf
GIEE MAGELLAN - Semis direct, du couvert annuel…au couvert permanent https://gieemagellan.wixsite.com/magellan/guide-culture-magellan
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